Biographie de l'auteur
Carlos LISCANO est un écrivain uruguayen né en 1949, il est
condamné par le régime militaire en 1972 et passe 13 ans en prison pour des
raisons politiques. C’est pendant son incarcération qu’il se met à écrire. Son
premier livre est un récit violent traduisant la déchéance d’un homme déraciné.
« Il y avait beaucoup d’orgueil dans cette entreprise, la plupart des
écrivains en Amérique latine commencent par des récits brefs, et moi, novice en
la matière, je prétendais écrire d’emblée un roman ! ». Son œuvre au
style dépouillé est marquée par l’influence de Kafka et Céline. En 1985, une
fois libéré, il s’exile en Suède où il est enseignant, traducteur et
journaliste. Il rentre en Uruguay en 1996.
Exemple 1
Souvenirs
de la prison.
Un
homme dont on ne connaît pas l’identité, marié depuis peu, est emmené un matin
par des militaires dans un lieu tenu secret. Il est emmené pour subir une
préparation à la guerre qui n’a finalement jamais lieu. Il demeure enfermé dans
l’attente de cette guerre, dans un camp où il effectue des tâches monotones. Le
soir dans la nature, il se laisse aller à la méditation. Il s’habitue peu à peu
à cet univers militaire, à cet enfermement, où l’absence de responsabilité
l’épanouit et l'aliène en même temps. A sa sortie, il se rend compte que la
ville n’est plus faite pour lui, qu’il a changé. Au camp il a découvert une
chose : « on peut comprendre qu’une fois que la vie a trouvé un sens il
n’existe plus d’autre activité à laquelle se consacrer » (p.153). C’est
pourquoi il décide de se réengager dans l’armée.
A travers la réécriture du Désert des Tartares de Buzzati, Carlos Liscano fait l'éloge de la liberté. Son écriture simple et ironique finit par captiver le lecteur et le pousse à remettre en question le sens qu’ont l'existence et la liberté. Il s'inspire de sa propre expérience de l’incarcération qui l’a aidé à trouver ce sens. Grâce à l'enfermement il a découvert sa propre liberté. Grâce à l’écriture il a pu se libérer. Même si l'écriture est née en prison.
Exemple 2
L'enfermement, Carlos Liscano l'a
bien connu, treize ans de captivité lui ont donné le goût de la lecture et des
histoires. Souvenirs de la guerre récente
est le résultat d'un homme confus qui se retrouve, qui exprime sa vision des
choses dans le style du Désert des
tartares de Buzzati cher aux yeux de l'auteur.
Dans ce livre, l'auteur utilise
l'armée et la guerre afin d'amener le lecteur dans un milieu où l'on ressent la
monotonie de l'enfermement menant à l'aliénation, malgré le secret qui
l'entoure. Ainsi ne sachant plus où il se trouve, le personnage et donc le
lecteur sont amenés à se rapprocher de la nature, afin, par la méditation, de
réfléchir à l’absence de liberté mais aussi à l’existence en général. En
attente de cette liberté, le personnage, passif, continue sa vie investie par
l’habitude militaire ne permettant plus de distinguer le réel et
l’irréel : « Les nouveaux
faisaient déjà partie de l’Unité, leur absence faisait partie de la vie du
camp. » L’ennui est devenu un personnage à part entière.
L’expérience carcérale
intransmissible de l’auteur se fond dans l’écriture : En résultent des
phrases simples mais claires, où les verbes d’action sont au cœur de
l’inaction, ironie qui adoucit les maux et qui arrive à captiver le lecteur.